La situation n’est plus simplement préoccupante : elle devient critique. Les baromètres publiés par La Gazette des communes montrent une dégradation sans précédent de la santé mentale des agents territoriaux. Et cette crise — déjà profonde — est désormais aggravée par une pression budgétaire sans précédent sur les collectivités locales.
Les agents sont pris dans un étau : moins de moyens, plus de travail, plus de pression.
La rupture n’est plus une hypothèse. Elle est en train de se produire.
Un état d’épuisement massif et documenté
Les chiffres dévoilés par La Gazette des communes sont glaçants :
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42 % des agents se sentent épuisés ou irrités plus d’une fois par semaine (13/11/2025).
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77 % déclarent du stress, avec un pic à 80 % chez les cadres et agents expérimentés (03/10/2025).
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Près d’un quart évoque une fatigue nerveuse extrême.
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Cette dégradation n’est plus un “mal-être latent” : c’est un effondrement silencieux.
Surcharge, absentéisme, et spirale de fatigue : tout s’accumule
Les deux baromètres montrent une mécanique implacable :
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39 % travaillent régulièrement en dehors des horaires attendus.
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65 % pensent à leur travail le soir ou le week-end.
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39 % subissent les conséquences de l’absentéisme sur leur propre charge.
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Le service public local tient aujourd’hui par sur-engagement individuel, au prix de la santé des agents.
⚠️ Et maintenant… les restrictions budgétaires frappent de plein fouet
La situation déjà critique est aggravée par une vague inédite de restrictions financières imposées aux collectivités :
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Le Sénat dénonce plusieurs milliards d’euros d’économies demandés aux collectivités, estimés à environ 5 milliards d’euros .
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Certains médias évoquent même un impact pouvant atteindre 8,5 milliards d’euros en 2025 .
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Les collectivités voient leurs dépenses strictement encadrées dans le cadre de la maîtrise du déficit public national, ce qui les place « dans le viseur » du gouvernement .
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Plusieurs analyses soulignent que la réduction de leur autonomie financière fragilise gravement leur capacité à agir et à protéger leurs agents .
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Ce que cela signifie concrètement :
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Gel des recrutements
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Non-remplacement des départs
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Baisse des marges de manœuvre
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Report des investissements
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Réduction des moyens de prévention des RPS
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Pression accrue sur les équipes opérationnelles
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Autrement dit : la santé des agents se détériore au moment même où les collectivités perdent les moyens de la préserver.
Reconnaissance absente, hiérarchie sous tension : un climat explosif
Les baromètres de La Gazette montrent :
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Seuls 47 % des agents se sentent reconnus.
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La moitié ne reçoit qu’exceptionnellement du soutien hiérarchique.
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57 % ressentent la pression de la hiérarchie, 44 % celle des élus (03/10/2025).
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Avec la préparation des élections municipales 2026, cette pression est vouée à s’intensifier.
Effondrement de la qualité de vie : un coût humain majeur
Selon le baromètre “La Gazette – MNT 2025” :
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62 % voient leur sommeil dégradé.
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41 % voient leur équilibre vie pro / vie perso s’effondrer.
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15 % ont eu un arrêt pour maladie pro ou accident du travail.
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Et la baisse de l’indemnisation maladie en 2025 accentue la situation :
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7 % renoncent à un arrêt maladie,
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29 % ressentent une pression à ne pas s’arrêter.
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Ce n’est plus un malaise : c’est une mise en danger.
Prévention des risques psychosociaux : un vide organisationnel
Les constats rapportés par La Gazette sont clairs :
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Peu de formations RPS,
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Peu de diagnostics structurés,
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Peu de mobilisation des outils INRS,
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Et un fort sentiment d’abandon chez les agents.
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Les collectivités se retrouvent désarmées, et les agents livrés à eux-mêmes.
Un paradoxe : des agents encore fiers… mais jusqu’à quand ?
Malgré tout :
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80 % restent satisfaits de travailler dans la FPT.
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85 % sont fiers de leur métier.
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C’est le signe d’un service public qui tient uniquement grâce à l’engagement viscéral des agents.
Mais cet engagement ne pourra pas compenser éternellement la dégradation des conditions de travail.
Le SNT lance une alerte nationale : on ne peut plus continuer ainsi
Face aux constats combinés de La Gazette et aux restrictions budgétaires désormais documentées, le SNT formule quatre exigences immédiates :
1. Une stratégie obligatoire et financée de prévention RPS dans chaque collectivité
Les agents ne peuvent plus être laissés seuls face à l’épuisement.
2. Une révision urgente des charges et organisations de travail
Les économies imposées ne doivent pas se traduire par un accroissement des risques psychosociaux.
3. Une politique opposable de reconnaissance et de soutien managérial
La reconnaissance n’est pas un geste “symbolique”, mais un facteur de santé.
4. Une protection renforcée des agents face aux pressions politiques et budgétaires
Les périodes électorales et les arbitrages financiers ne doivent pas sacrifier la santé des agents.
Pour conclure : sans action, le service public territorial vacillera
Nous entrons dans une zone de danger :
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Agents épuisés
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Organisations fragilisées
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Moyens en baisse
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Pressions en hausse
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Les chiffres issus de La Gazette et des sources budgétaires sont sans ambiguïté : le système territorial encaisse plus qu’il ne peut supporter.
Le SNT refuse la fatalité.
Nous sonnons l’alarme, clairement et fermement :
agir maintenant est la seule façon d’éviter l’effondrement.
Références : Gaëlle Ginibrière, La Gazette des communes, 13/11/2025 et 03/10/2025.







