Pouvoir d’achat en baisse puis en légère reprise : les salaires des agents publics en 2023 et 2024
En 2023, les salaires des agents publics (fonctionnaires ou non) ont augmenté en euros courants, mais leur pouvoir d’achat a reculé pour la deuxième année consécutive sous l’effet d’une inflation élevée. D’après les dernières données publiées par l’Insee en juillet 2025, le salaire net moyen, toutes fonctions publiques confondues, a diminué de 0,7 % en euros constants sur un an. En 2024 toutefois, une légère embellie se dessine : selon les données préliminaires de l’Insee, les salaires dans la fonction publique ont connu une hausse de pouvoir d’achat d’environ +0,5 % en moyenne, grâce au ralentissement de l’inflation et à la poursuite des revalorisations salariales.
2023 dans la fonction publique territoriale : hausse nominale, recul réel
Les agents de la fonction publique territoriale (FPT) ont vu leur salaire net moyen progresser de +3,9 % en euros courants en 2023, atteignant 2 254 € par mois en équivalent temps plein (EQTP). Mais une inflation de +4,9 % sur la même période a entraîné une baisse de -0,9 % en euros constants, annulant les gains apparents.
En 2024, si les données détaillées par versant ne sont pas encore disponibles, les premières estimations de l’Insee indiquent une reprise du pouvoir d’achat des agents publics de l’ordre de +0,5 %. La FPT devrait donc sortir de deux années consécutives de recul (-1,1 % en 2022 et -0,9 % en 2023) avec une timide amélioration.
Comparatif 2023 entre versants
- Fonction publique de l’État (FPE) : salaire net moyen de 2 886 €, en hausse de +4,4 % en nominal, mais en baisse de -0,4 % en réel.
- Fonction publique hospitalière (FPH) : salaire net moyen de 2 842 €, en hausse de +3,9 % en nominal, mais en baisse de -0,9 % en réel, comme la FPT.
- Fonction publique territoriale (FPT) : salaire net moyen de 2 254 €, en hausse de +3,9 % en nominal, mais en baisse de -0,9 % en réel.
En 2024, l’ensemble de ces versants bénéficierait d’un léger redressement du pouvoir d’achat, sans pour autant compenser les pertes cumulées des années précédentes.
Après deux années de recul du pouvoir d’achat, 2024 marque un retournement très modéré pour les agents publics. Si cette amélioration reste à confirmer dans le détail pour la fonction publique territoriale, elle laisse entrevoir une sortie de l’érosion salariale. Elle souligne cependant la nécessité de mesures structurelles de revalorisation pour compenser les pertes cumulées de 2022 et 2023, notamment pour les catégories intermédiaires, les fonctionnaires titulaires et les femmes encore pénalisées par des écarts persistants.
Signer la pétition intersyndicale.
La Fédération des services publics CFE-CGC cherche des « portes de sortie »
De gauche à droite, Stanislas GAUDON, Béatrice BARRAU, le Ministre Laurent MARCANGELI et Jean-Marc CARNEIRO (FPH)
« Nous avons essayé de trouver des portes de sortie pour voir où nous pouvions avoir des espaces de négociations », résume pour sa part Stanislas GAUDON, président de la fédération des services publics de la CFE-CGC, à l’issue de sa bilatérale avec le ministre. L’organisation regrette un budget 2026 qui mettrait « les agents publics au régime sec », rappelant que la fonction publique « fait déjà des économies depuis quinze ans ». Mais contrairement à d’autres syndicats, la CFE-CGC ne se prononce pas immédiatement pour une mobilisation à la rentrée : « La balle est dans le camp du Premier ministre », temporise Stanislas GAUDON.
Dans l’attente d’un éventuel revirement, la fédération a porté une série de revendications structurantes, dessinant une voie alternative à l’austérité budgétaire :
- l’adoption d’une loi de programmation pour la fonction publique, qui permette de stabiliser et d’organiser les réformes dans la durée ;
- la refonte de l’architecture des grilles indiciaires des trois catégories sur une période de trois ans, pour davantage de lisibilité et de justice salariale ;
- la sanctuarisation des lois de programmation en cours, pour garantir la cohérence des politiques publiques ;
- l’amélioration du supplément familial de traitement (SFT), sur une base forfaitaire par enfant, mais sans viser une économie budgétaire massive qui affaiblirait la politique familiale ;
- une véritable politique du logement des agents publics, notamment dans les zones tendues où l’attractivité est en berne ;
- des avancées concrètes en matière de protection fonctionnelle des agents, avec par exemple le déplafonnement des honoraires d’avocat dans les cas de violences ou contentieux graves ;
- la prise en compte de la pénibilité, de l’usure professionnelle et une réflexion sur l’évolution des règles relatives à la retraite et au cumul emploi-retraite ;
- le déplafonnement de la bonification du 1/5ᵉ, afin de mieux valoriser l’engagement dans la durée ;
- la construction d’une GPEC ambitieuse (gestion prévisionnelle des emplois et compétences), pour anticiper les besoins et accompagner les transitions ;
- et enfin, le renforcement de l’action sociale interministérielle, considérée comme un levier essentiel du soutien aux agents.
Bien que sensible à l’idée d’une forfaitisation du SFT – la CFE-CGC avait saisi Stanislas Guerini pour en revoir les modalités –, la fédération rejette catégoriquement les économies avancées par le gouvernement sur ce dispositif (250 millions d’euros), « surtout à l’heure où l’on nous dit que la situation démographique de la France est compliquée ».
Quant au projet de loi de simplification RH de la fonction publique que le gouvernement souhaite présenter à la rentrée et qui devrait notamment contenir des mesures sur la protection fonctionnelle, le syndicat accueille cette initiative d’une bonne oreille. Il attend « beaucoup d’un vecteur législatif qui pourrait aider les conditions des agents » dans un contexte « particulièrement difficile où aucune filière de la fonction publique n’est épargnée par des violences ». Il reste cependant vigilant face au futur arbitrage de Matignon.
« Si l’on ne nous propose rien, alors que nous, nous avons fait des propositions, le dialogue social sera rompu et nous serons dans une sphère qui sera plutôt de l’ordre du conflit. » — Stanislas Gaudon.
⚠️ La fédération sera donc particulièrement attentive aux arbitrages définitifs rendus par Matignon et Bercy. En cas de rupture du dialogue social, elle n’exclut pas d’initier la rentrée sociale.
La territoriale a pu faire entendre sa voix sur le sujet lors de cet entretien, le SNT a brillé au travers de notre Présidente.
J’ai eu l’honneur de représenter nos collègues de la fonction publique territoriale lors de l’audience accordée à la CFE-CGC par le ministre Laurent Marcangeli. Au cours de cette bilatérale, nous avons échangé pendant près de deux heures. Nous avons commencé par les annonces faites par le premier Ministre. Il nous a clairement sollicités pour que nous fassions, comme à notre habitude, des propositions. Ce que nous n’avons pas manqué de faire.
Béatrice BARRAU