Les centres de gestion de la fonction publique territoriale sont à un tournant de leur histoire.
Créés il y a quarante ans pour mutualiser la gestion des ressources humaines des collectivités locales, ils se trouvent aujourd’hui confrontés à des défis inédits : mutations démographiques, transitions écologiques et numériques, transformation du travail public et montée des exigences sociales. Longtemps perçus comme des structures techniques, ils revendiquent désormais un rôle stratégique dans l’attractivité de la fonction publique territoriale et dans l’accompagnement du changement.
La Fédération nationale des centres de gestion (FNCDG) s’est engagée depuis 2024 dans une réflexion sur son avenir institutionnel. Un projet visant à transformer la Fédération en établissement public national a suscité des inquiétudes parmi les élus et présidents de centres de gestion. Beaucoup redoutent qu’une telle évolution réduise l’autonomie locale et rompe avec la logique de proximité qui fait la force du réseau. Le gouvernement a reconnu l’efficacité du modèle actuel et confirmé, début 2025, que les centres de gestion demeurent des acteurs essentiels du service public territorial. Il a rappelé que les fusions possibles entre CDG, déjà prévues par la loi de 2019, permettent d’assurer à la fois mutualisation et maintien du lien local.
Dans ce contexte, la FNCDG a adopté en juin 2025 une motion comprenant quarante-sept propositions pour moderniser la fonction publique territoriale. Ces propositions couvrent l’ensemble des champs RH : simplification des recrutements, valorisation de l’expérience, harmonisation du temps de travail, accompagnement de la santé et de la qualité de vie au travail, soutien à la fin de carrière et à la protection sociale complémentaire. Les centres de gestion veulent ainsi passer d’une logique d’exécution à une logique d’accompagnement global des employeurs territoriaux.
Mais cette transformation s’accompagne de tensions. Les moyens humains et financiers restent très inégaux d’un centre à l’autre, ce qui fragilise la capacité d’action du réseau. La pression administrative s’intensifie avec l’élargissement des missions, notamment en matière de prévention et de santé au travail. Le recrutement devient critique : de nombreux postes techniques ou médicaux peinent à trouver preneur, ce qui oblige les CDG à renforcer leur expertise en attractivité et en mobilité. Enfin, la transition numérique demeure inachevée : la dématérialisation des concours, des carrières et de la paie progresse, mais de manière disparate selon les territoires.
Malgré ces obstacles, un consensus se dégage : l’avenir des centres de gestion passe par une articulation équilibrée entre proximité et mutualisation. Ils devront innover sans se couper du terrain, renforcer leurs compétences tout en préservant leur ancrage départemental, et s’affirmer comme partenaires stratégiques des collectivités dans la gestion des talents et la transformation publique. À l’occasion de leur quarantième anniversaire, plusieurs CDG rappellent que leur mission initiale — accompagner les employeurs locaux au plus près des réalités humaines — reste plus actuelle que jamais, à condition de savoir la réinventer.
Sources :
- Banque des Territoires, « Les centres de gestion se penchent sur leur avenir », 2025. Banque des Territoires, « Modernisation de la FPT : les centres de gestion font 47 propositions », 13 juin 2025. Sénat, questions écrites n° 09704 (18 janv. 2024) et n° 01331 (10 oct. 2024, réponse : 6 févr. 2025). CDG 34, « Les centres de gestion fêtent 40 ans : un partenaire historique, tourné vers l’avenir », 26 août







