Le Gouvernement a confirmé qu’il ne reconduira pas en 2025 la Garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA). Cette décision met fin à un mécanisme qui, depuis 2008, permettait à certains agents publics de compenser partiellement la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation.
Qu’était la GIPA ?
La GIPA comparait, sur une période de 4 ans :
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l’évolution du traitement indiciaire brut (le salaire de base lié à l’échelon) ;
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et celle de l’indice des prix à la consommation (hors tabac).
Lorsque l’inflation augmentait plus vite que le traitement, une indemnité compensatrice était versée.
👉 En pratique, ce dispositif bénéficiait surtout aux agents en fin de carrière, bloqués au dernier échelon de leur grade.
Pourquoi sa suppression ?
Déjà supprimée en 2024, la GIPA disparaît aussi en 2025.
Le Gouvernement invoque un contexte budgétaire contraint, rappelant que ce mécanisme n’avait pas vocation à être permanent.
Mais cette décision intervient alors que l’inflation continue de peser sur les budgets des ménages et que aucune mesure alternative n’a été annoncée pour protéger le pouvoir d’achat des agents publics.
Les agents au dernier échelon de leur grille: les grands perdants
La fin de la GIPA frappe particulièrement les agents au sommet de leur grille de rémunération :
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Ils n’ont aucune garantie d’obtenir une promotion interne.
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La seule obligation de l’employeur est de signaler dans le CREP, après 3 ans au dernier échelon, que l’agent est bloqué – sans que cela ouvre droit automatiquement à un avancement.
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Résultat : des milliers d’agents se retrouvent avec un salaire figé, une carrière bloquée, et désormais sans compensation face à l’inflation.
Et la RAFP ?
Le Gouvernement rappelle que la Retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP), régime obligatoire par points financé à parts égales par l’agent et l’employeur, reste inchangée.
👉 Mais cette retraite complémentaire, même utile, ne compense pas la perte immédiate de pouvoir d’achat liée à la fin de la GIPA.
Quelles sont nos revendications syndicales ?
Face à cette situation, plusieurs pistes de revendications émergent autour de quatre grands axes :
Rémunération : protéger le pouvoir d’achat
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Indexation du point d’indice sur l’inflation pour garantir une progression salariale au moins égale à la hausse des prix.
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Création d’une indemnité compensatoire pérenne qui remplacerait la GIPA, avec un déclenchement automatique dès que l’évolution des salaires est inférieure à l’inflation.
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Revalorisation des derniers échelons afin que les agents bloqués continuent à progresser sans attendre une hypothétique promotion.
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Hausse générale des salaires et rattrapage après des années de gel du point d’indice.
Avancement : débloquer les carrières
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Faciliter et accélérer l’avancement de grade, notamment pour les agents en fin de carrière (par exemple, promotion automatique après un certain nombre d’années au dernier échelon).
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Augmenter les quotas de promotions pour que davantage d’agents puissent évoluer.
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Mettre en place des avancements exceptionnels pour les agents proches de la retraite afin d’améliorer leur pension.
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Créer de nouveaux débouchés de carrière (nouvelles classes ou échelons exceptionnels) pour éviter les blocages.
Reconnaissance : valoriser l’expérience
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Prime d’expérience ou de fin de carrière, légalisée et harmonisée, pour reconnaître l’engagement au moment du départ à la retraite.
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Utiliser le CIA (complément indemnitaire annuel) comme levier de reconnaissance en fin de carrière.
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Valoriser la transmission et le mentorat dans le CREP et dans l’attribution des primes.
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Améliorer l’accompagnement des fins de carrière, avec des entretiens dédiés, des mobilités choisies et des dispositifs de tutorat.
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Assouplir la prise en compte des promotions tardives dans le calcul de la pension (réduire le délai de 6 mois).
Retraite : mieux intégrer l’indemnitaire dans les pensions
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Augmenter le plafond de cotisation à la RAFP (au-delà des 20 % actuels du traitement indiciaire brut) afin de valoriser une plus grande part des primes dans la retraite.
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Revaloriser progressivement le taux de cotisation (au-delà des 5 % actuels pour l’agent et l’employeur), avec une prise en charge renforcée par l’employeur pour ne pas pénaliser le net des agents.
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Améliorer le rendement du point RAFP, en sécurisant mais aussi en dynamisant la gestion collective, pour que l’investissement des agents rapporte davantage de droits à retraite.
Pour conclure !
La suppression de la GIPA en 2025 est un coup dur pour les agents territoriaux, en particulier pour ceux en fin de carrière. Sans compensation, ils voient leur pouvoir d’achat s’éroder et leurs perspectives d’évolution se réduire.
Le SNT plaide pour des mesures fortes : indexation des salaires sur l’inflation, revalorisation des fins de grille, simplification de l’avancement, meilleure reconnaissance de l’expérience acquise et renforcement du rôle de la RAFP. Autant de revendications pour garantir que la fonction publique reste attractive et juste jusqu’au dernier jour de carrière.
Stéphane MARTIN